sidvicious

Tout est question de sémiose, petit Arlequin.

Dimanche 27 mai 2012 à 18:13

 

Tours. Quand je suis arrivée, j'ai cru que les punks n'existaient plus. Finalement, si. Ils sont très jeunes, et dès que tu en rencontres un, tu dois annoncer la couleur politique : faf ou antifa. Ils sont une communauté de 150 faschos apparemment. Les antifa sont peu nombreux. Les jeunes et moins jeunes actent comme des ados. La peur de rencontrer le camp adverse parce que les bagarres sont inévitables, question de principe bien-sûr. J'ai eu droit à du "Être punk, c'est suivre le mouvement punk, c'est se mobiliser pour se faire entendre" Et quel est ton message ? "Qu'on est uni, qu'il faut changer la politique" Ils ne m'ont pas épargner toute l'histoire du punk, version wikipedia bien sûr (merci pour la leçon d'histoire, mais je l'ai déjà lue et je m'en fous donc je l'ai oubliée.) parce que finalement être punk pour eux, c'est suivre le troupeau. Et si être punk, c'était aussi ne pas suivre celui du mouvement ? Qu'est-ce que "le mouvement punk" ? "T'as décidé de me faire chier, toi ?" Un peu mon p'tit, un peu, ça a l'air facile en plus. Ils étaient pathétiques. Les jeunes, les vieux. Des punks à chiens pour la plupart (et les chiens qui s'appellent Cocaïne, AK-47 ou Gangrène), parce qu'en France et probablement partout ailleurs, le punk est mort. Il n'en reste que des résidus, des particules d'esprit libéré de la société qui s'accordent à penser par eux-même sans suivre la dictature d'un mouvement. De la grosse déception en bloc de 12 encore. Mais je riais à les déstabiliser avec mes questions, parce qu'un ou deux comprenaient le ridicule de leurs réponses. Seules les filles semblaient un peu plus capables de penser par elles-même, féministes au milieu des machos. Et ça, ça me faisait bander le cerveau.

Sur les quais, venait de les rejoindre S, ce petit connard de dealer castelrenaudais complètement stone et high, celui qui laissait la coke chez ma soeur -qui n'a au passage plus la garde de ses enfants. Il m'a vue, ne m'a pas reconnue puis "HA, mais tu es la grande soeur de B. ?" Ouais bloody asshole, je suis sa soeur, et la petite soeur de S. qui a juste évité la taule à cause de tes conneries. "Attends, on va parler de ça tous les deux, tu connais pas l'histoire" Il a insisté pour me rendre sa version des faits, sa version de petit connard qui fracturait les fenêtres de l'appart à 4h du mat'. Ouais, ma soeur n'a pas de couilles pour dire non, ce n'est pas pour autant qu'il faut abuser de la faiblesse des autres. Il essayait de refourguer sa merde coupée 666 fois avec du cirage aux keupons et de leur tirer leurs sacs. Après ses explications, il s'est barré, a stoppé son business avec eux. Il a compris que je ne croyais pas plus ses histoires de merde qu'au genre humain ou au père Noël et que je connaissais ces jeunes. Puis aussi qu'il y a des dealers plein les quais. Il était marrant. Non, la coke j'ai pas essayé, mais le trafic, c'est bon on a donné dans la famille. Bref, toi aussi tu peux pas savoir et tu sauras jamais que le hash de merde que tu vends depuis 8 ans, c'est mon père qui te le transporte jusque dans l'entrepôt. (Et il m'en n'a jamais filé gratuitement ce salaud)

Puis ce connard boulevard Heurteloup : "Je n'ai pas de voiture, c'est grave ?"  "Hé mec, tu m'as pris pour une pute ?" Après, on a eu droit "Vas-y, j'vais t'faire les fesses connasse" et autre joyeuses réjouissances de connards de mecs. Ca m'a fait rire 15 minutes mais jaune, ils nous suivaient. Puis j'ai eu envie de leur foutre des tartes, je me suis contenue. A ce moment-là, on a rencontré des potes, on est allées chez eux. Ca appelle à être féministe. Bref, je n'ai pas fait la gaypride, je ne verrai pas mes chers compagnons de cafèt', ni aucun des S. et le séjour est parfois catastrophique. Je suis proche de l'overdose. Overdose de France, de connards irrespectueux et impolis et manque d'Angleterre, pour faire dans le gros, parce que hein. Putain de Marivaux.




Vendredi 25 mai 2012 à 2:07

 

Paris ou aller chercher un felafel rue des Roziers et ne pas demander de sauce piquante. Vérifier que les magasins Fred Perry et Dr Martens sont toujours ouverts. Aller au 3ème Lieu et embrasser cette lesbienne paumée avec son regard plein de gratitude. Parler dans la rue avec ce mec qui sort du 3ème Lieu. Appeler E. et aller boire un coup avec N. dans un irish pub. Aller essayer de se faire payer un coup gratuit au Bateau Phare et échouer. Donc aller voir du côté punk, Bastille et rentrer aux Furieux. Rencontrer ces autralienne et japonaise qui après une ligne de coke ne sont plus collègues mais partenaires de sexe. Parler avec la gouine aux allures de mec mais juste l'allure, rien d'autre et aussi avec les 3 mecs sympas qui passaient du métal.

Paris, c'est aussi acheter des Murakami en attendant son train sur les conseils d'un mec qu'on ne connait pas, goûter de la charcuterie sur le marché en face de la gare et promettre au marchant d'en acheter en partant. C'est choper son TGV à temps et contempler la ville d'en haut, à travers les vitres. C'est aussi s'installer dans un train et lire un livre et dessiner dans un autre. C'est un moment précieux et souriant au coeur.

La Rochelle, petite ville bourgeoise accueillant bourgeois en vacances qui achète des choses de bourgeois créées par des bourgeois pour les bourgeois en vacances. Mais tu vois, passé ce dégoût de ces singes-humains coincé dans leur carcan de vie, ce n'est pas tout. Sur la plage, c'est s'éloigner de ces groupes de jeunes assis en troupes de "soldats de l'alcool" pour aller où la mer est plus loin, et l'espace plus calme. C'est rencontrer cet "esprit libre" après lui avoir demander s'il avait des bolas et entendu qu'il n'avait rien de circulaire pour jongler. Discuter avec un irish perdu sur le sable qui est arrivé seul samedi en France et part dimanche pour la Pologne. Voir ces deux nénettes nous faire la causette en ayant l'air de fanatiques adolescentes devant un groupe de rock à minettes. Apercevoir cette fille avec ces poï et les lui emprunter. Les mettre en feu à mon tour et entendre ce bruit chaud et orange comme celui d'une tempête pluvieuse. Voir des gens s'approcher et improviser un spectacle sans carte culture. Les masteurisants sont des cadavres ambulants passée une certaine heure. Rallumer des bâtons du diable et l'observer jongler. Kiffer le moment, le bruit des vagues lointaines à présent, le feu, la nuit lourde et noire avec sa lune blonde, et ma lutte contre mon envie d'une cigarette. Et respirer, se dire que la liberté a ce prix de solitude, mais que la vie est bien faite.

C'est rentrer et se rendre compte que  je ne connais pas plus le nom de "l'esprit libre" qu'il ne connait le mien. Il chausse du 50, mesure 2m. Qu'on ne se rencontrera probablement jamais plus, mais que c'est ce genre de moment qui donne le goût de la liberté. Que mourir est plus beau que de ne pas être libre ou d'être une télévision. Que je suis heureuse. Qu'il me manque, mais que j'en suis heureuse. Intouchable.
 

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