Tours. Quand je suis arrivée, j'ai cru que les punks n'existaient plus. Finalement, si. Ils sont très jeunes, et dès que tu en rencontres un, tu dois annoncer la couleur politique : faf ou antifa. Ils sont une communauté de 150 faschos apparemment. Les antifa sont peu nombreux. Les jeunes et moins jeunes actent comme des ados. La peur de rencontrer le camp adverse parce que les bagarres sont inévitables, question de principe bien-sûr. J'ai eu droit à du "Être punk, c'est suivre le mouvement punk, c'est se mobiliser pour se faire entendre" Et quel est ton message ? "Qu'on est uni, qu'il faut changer la politique" Ils ne m'ont pas épargner toute l'histoire du punk, version wikipedia bien sûr (merci pour la leçon d'histoire, mais je l'ai déjà lue et je m'en fous donc je l'ai oubliée.) parce que finalement être punk pour eux, c'est suivre le troupeau. Et si être punk, c'était aussi ne pas suivre celui du mouvement ? Qu'est-ce que "le mouvement punk" ? "T'as décidé de me faire chier, toi ?" Un peu mon p'tit, un peu, ça a l'air facile en plus. Ils étaient pathétiques. Les jeunes, les vieux. Des punks à chiens pour la plupart (et les chiens qui s'appellent Cocaïne, AK-47 ou Gangrène), parce qu'en France et probablement partout ailleurs, le punk est mort. Il n'en reste que des résidus, des particules d'esprit libéré de la société qui s'accordent à penser par eux-même sans suivre la dictature d'un mouvement. De la grosse déception en bloc de 12 encore. Mais je riais à les déstabiliser avec mes questions, parce qu'un ou deux comprenaient le ridicule de leurs réponses. Seules les filles semblaient un peu plus capables de penser par elles-même, féministes au milieu des machos. Et ça, ça me faisait bander le cerveau.
Sur les quais, venait de les rejoindre S, ce petit connard de dealer castelrenaudais complètement stone et high, celui qui laissait la coke chez ma soeur -qui n'a au passage plus la garde de ses enfants. Il m'a vue, ne m'a pas reconnue puis "HA, mais tu es la grande soeur de B. ?" Ouais bloody asshole, je suis sa soeur, et la petite soeur de S. qui a juste évité la taule à cause de tes conneries. "Attends, on va parler de ça tous les deux, tu connais pas l'histoire" Il a insisté pour me rendre sa version des faits, sa version de petit connard qui fracturait les fenêtres de l'appart à 4h du mat'. Ouais, ma soeur n'a pas de couilles pour dire non, ce n'est pas pour autant qu'il faut abuser de la faiblesse des autres. Il essayait de refourguer sa merde coupée 666 fois avec du cirage aux keupons et de leur tirer leurs sacs. Après ses explications, il s'est barré, a stoppé son business avec eux. Il a compris que je ne croyais pas plus ses histoires de merde qu'au genre humain ou au père Noël et que je connaissais ces jeunes. Puis aussi qu'il y a des dealers plein les quais. Il était marrant. Non, la coke j'ai pas essayé, mais le trafic, c'est bon on a donné dans la famille. Bref, toi aussi tu peux pas savoir et tu sauras jamais que le hash de merde que tu vends depuis 8 ans, c'est mon père qui te le transporte jusque dans l'entrepôt. (Et il m'en n'a jamais filé gratuitement ce salaud)
Puis ce connard boulevard Heurteloup : "Je n'ai pas de voiture, c'est grave ?" "Hé mec, tu m'as pris pour une pute ?" Après, on a eu droit "Vas-y, j'vais t'faire les fesses connasse" et autre joyeuses réjouissances de connards de mecs. Ca m'a fait rire 15 minutes mais jaune, ils nous suivaient. Puis j'ai eu envie de leur foutre des tartes, je me suis contenue. A ce moment-là, on a rencontré des potes, on est allées chez eux. Ca appelle à être féministe. Bref, je n'ai pas fait la gaypride, je ne verrai pas mes chers compagnons de cafèt', ni aucun des S. et le séjour est parfois catastrophique. Je suis proche de l'overdose. Overdose de France, de connards irrespectueux et impolis et manque d'Angleterre, pour faire dans le gros, parce que hein. Putain de Marivaux.