sidvicious

Tout est question de sémiose, petit Arlequin.

Lundi 11 octobre 2010 à 0:55



"Si t'en n'avais pas assez, je te donne d'autres bonnes nouvelles." Ca pête les dents. Le ton bien cynique, qui n'en peut plus. Sa voix tremblait et ses larmes pas loin. Il parlait de tout balancer, que l'optimisme "j'ai déjà donné", ça sert à rien. Les mots sonnent, résonnent : récidive, métastases, poumons, analyse, chimiothérapie. On n'enterre pas ses proches, on se doit d'y croire. C'est le début. D'un autre chapitre. Le sein, les poumons, après vous faîtes quoi ? Prenez lui la chatte, le cerveau, les glandes sous-cutanées. Passée par tous les stades pulsionnels. Je pensais à mes soeurs : MAD, 6 ans, CMD 3 ans. "Maman est encore malade". Les chiffres qui font flipper, les mots qui sont incompréhensibles. Les statistiques, on s'en fout. C'est juste flippant. Ca m'a foutu la gerbe toute la journée. Mon cerveau a pris un jour de congé. Mon père était dépassé, je ne l'avais jamais vu dans cet état. Tu fais quoi de ta putain d'impuissance ? 
Alors ça m'a fait réagir.



Samedi 9 octobre 2010 à 14:46



Les mots du jour, assemblés. Pas de maltraitance, l'esprit ailleurs, concentré. Ne pas suivre le troupeau. Bosser. Se demander où la retrouver, si tout est éphémère, à quoi bon. Rassembler le temps, les détails pour être tranquille. Une simplicité évidente diront certains, dont je ne fais pas partie. La distance qui ronge, les questions qui grondent. Cet instant confus de sociabilité, pourtant si important, il parait. Nager dans le flou, s'égarer dans la jalousie primaire, tu connais ça, toi. Pas évident de suivre intensément dans ces conditions, décalage percutant : je n'appartiens qu'à moi-même, un pied dans chaque monde, perdue dans la masse des interrogations. Décimées l'affirmation et les certitudes, voler vers le doute des lendemains. Pourquoi l'art ? Pour moi ? Pas les bonnes, alors se requinquer en solo, puisque la place n'est pas trouvée dans les folies grégaires. Cette vitre, je la hais. Electron libre prisonnier de lui-même. Tout se sent.
C'est du blasage de haut niveau, ne pas profiter de tels instants. Il faudrait un élément déclencheur, une barrière à briser, un pieu dans l'estomac et courir dans ses bras. Mais lui, il est là. C'est tout, et encore heureux : les oiseaux roucoulent gaiement, dans une atmosphère bon enfant. Retrouvée, éperdument.


 

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