C'est un peu difficile. Plus ça va, plus j'ai l'impression que ce n'est pas lui, ou lui, que j'apprécie dans sa globalité, mais juste sa tendresse, ou sa tendresse. Une complicité d'un soir, verbale, ou cette fois-ci, pas seulement. Mais le petit déjeuner avalé, la porte refermée sur nos journées respectives, une amnésie soudaine. Je fais preuve d'un détachement inhumain une fois l'instant T passé. Je ne sais pas où aller, parce que simplement, j'ai peur de m'engager. J'ai une touche, un ticket, une invitation, et un PCF pas régulier. L'heure est au choix : P va à la poubelle à papier, P2 probablement à la poubelle à verre et P² dans la poubelle carrée. Version bêta à tester, le risque. Et la populasse chaumonesque à rencontrer. Difficile de se poser dans un coin paumé comme celui-là.
Je suis un peu perdue, j'ai du mal à m'y retrouver, j'ai du mal à créer quelquechose, à m'engager directement, m'investir. J'ai peur. Peur de dire non, peur de blesser, de me tromper, de me blesser, peur de l'avenir, peur de la hauteur, peur du regard, peur des autres, peur du regard des autres. Peur d'énormément de choses. Pourtant, il y a de ces choses qui se passent naturellement, et celles, plus organisées, qui seraient plus protectrices. Ou pas. Les incertitudes qui encombrent. Il me faudrait l'inconnu. L'inconnue, celle qui n'engage rien. Rien du tout. Etre à l'aise, pas surveillée. Ne pas devoir tenir de rapport journalier, ne pas satisfaire leur curiosité, tel un feuilleton merdique sur TF1 ou un vieux roman photo jauni par le temps. Trop de critères déchirés, éternelle insatisfaite.
Du coup, je respire par mes créa, par mes idées et par l'envie. Même si la fatigue est saisissable, que j'aimerais tout envoyer balader et rester seule avec ma trilogie adobe, juste pour hiberner un peu, et revenir plus forte. Trop de retards, il va falloir se réveiller. Des germes de trips. De l'excès.
Et puis merde, qu'on arrête de me dire qu'être bi, c'est le truc le plus cool du monde parce que t'as le choix. Les choix, ce n'est pas forcément une qualité. Quand tu es à un tel croisement, sans panneau directionnel, tu fais quoi ? Je en reconnais plus mes désirs, j'ai des peurs qui hantent mes pensées et seul le boulot parvient à les chasser. Le truc positif, c'est que je pense passer. Quand même. Alors, je compte sur elle, elles. Sur Elles.
Fais juste le premier pas, et fais dégager ce qui te paralyse. Tu ne peux qu'y arriver, non ? N'empêche, je suis dans la galère, je veux avancer, mais la case départ me fout grave les jetons. J'ai les boules de devoir faire un demi-tour. "Qui tente rien n'a rien", je l'entends déjà d'ici.
Ouais, mais j'aime pas les échecs...